- DISTINCTIONS / Coline Asquin et Aminata Diallo
Le jury était présidé par Marc Bigarnet, architecte et maître de conférences à l’ENSAL.
- Projet VIII
Carrare, ville importante de la Renaissance, cité de l’or blanc, du David de Michel Ange est aujourd’hui une des premières villes balnéaires italiennes. Son patrimoine culturel façonné par la noblesse du marbre blanc n’est aujourd’hui qu’une trace du passé au profit du tourisme de masse et de son industrie mondialisée.
Le marbre de Carrare n’est plus qu’une poudre de carbonate exportée en masse aux quatre coins du monde (80% de la matière exportée), et quand il n’est pas réduit en dentifrice, il devient le sol de nos salles de bain. Le peu de blocs exportés pour la construction sont envoyés en Chine ou encore à Dubaï, pour fabriquer l’architecture que nous connaissons.
Face à la disparition des techniques de construction du marbre comme pierre structurelle et l’amenuisement de sa filière locale, cette situation suscite une impérieuse nécessité de transformer le rapport qu’entretient le monde avec le marbre et la ville de Carrare. Le projet se doit alors d’être manifeste, par l’acte de bâtir, par sa technique constructive et surtout par son récit. Alors, par l’acte architectural, la pierre voyage sur une échelle territoriale pour rayonner à l’échelle mondiale.
La situation du port paraît évidente. Symbole du départ et d’entrée dans le monde, il dessine sa limite et devient un seuil pour l’imaginaire. Visible depuis les carrières et depuis la mer. Cette position stratégique et historique d’entrée dans la ville permet d’être vu et de donner à voir la ville au monde. En s’implantant sur le dernier
morceau de terre, le marbre né de la fossilisation de coquillages, retourne à son origine. La pierre est ramenée à l’eau.
En s’ancrant sur les savoirs faire anciens sur l’usage fait par l’homme de la matière, mais aussi de l’essence même du matériau, libre d’héritage et signification faite d’une culture, notre projet est un manifeste de cette capacité de transformation infinie de la matière.
Le phare se place comme une évidence dans ce paysage transformé par l’homme. Il marque l’horizon, les montagnes et est un repère depuis la mer jusqu’à la terre. Il s’inscrit dans un parcours plus global d’espace public. Ce projet se fera le témoin de l’histoire de la ville, de sa pierre et de ses techniques de construction.
Un jeu de matière et de lumière est renversé entre le jour et la nuit, passant de l’ombre des pierres à la clarté du jour pour faire jaillir un faisceau de la terre vers le ciel nocturne.
- Concours « construire en pierre structurelle »
Le concours Construire en pierre structurelle est organisé par l’École nationale supérieure d’architecture Paris-Val de Seine et sa matériauthèque, en partenariat cette année avec le Syndicat national des industries de roches ornementales et de construction (SNROC) et l’Association Les pierres sauvages de Belcastel.
L'édition 2023 interrogeait la question de " La pierre adaptable - Ajuster réutiliser, transformer". Les candidats étaient invités à rendre compte par leurs propositions de l'éventail des possibles qu'offre la pierre pour ajuster, réutiliser, transformer une construction existante.