L’ouvrage
Le 11 mars 2011, sous l’impact d’un des plus puissants tsunamis des cent dernières années au Japon, la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi prenait feu et provoquait le plus grave accident nucléaire depuis celui de Tchernobyl, en 1986. Qu’avons-nous appris dans l’intervalle ? Que les catastrophes ne sont pas toutes imprévisibles mais que maintenir les citoyens dans l’ignorance des risques ne contribue pas à les réduire. L’information, longtemps indigente ou confisquée, se pare aujourd’hui des oripeaux de la transition écologique, au nom de laquelle le nucléaire devrait être considéré comme un moindre mal et le stockage des déchets radioactifs ultimes comme un problème collatéral. Le Japon a payé le prix fort de cette lecture univoque des choix énergétiques.
Et pour nous, citoyens du monde, qu’en sera-t-il demain ? Faudra-t-il renoncer, face à la certitude du réchauffement climatique, à renforcer notre sécurité collective ? Dans un proche avenir ou dans quelques générations, nous regretterons sans nul doute, comme la majorité des Japonais aujourd’hui, l’affaiblissement de notre conscience et le consentement social au nucléaire.
« Énergie colbertiste » par excellence, le nucléaire n’a certes pas eu pour vocation d’être mis à la discussion de la société française. C’est pourquoi il y a urgence aujourd’hui à placer le dossier-clé du nucléaire au cœur du débat public sur les stratégies énergétiques. L’exemple japonais nous montre que la fuite en avant n’est plus possible, sauf à prendre des risques incalculables et à tirer des chèques en blanc sur l’avenir. Cet ouvrage historique, lucide et informé, offre des pistes pour remettre en cause une telle perspective, au bénéfice de choix politiques plus conscients et d’une démocratie renouvelée. Avant qu’il ne soit trop tard.
Industrie nucléaire et démocratie, le cas du Japon, Le Bord de l’eau, ISBN 9782385190750, octobre 2024.
Équipe éditoriale
Pierre Gras, docteur en histoire et écrivain, a publié de nombreux livres consacrés aux mutations urbaines contemporaines. Chercheur associé au laboratoire LAURe- EVS (UMR 5600 CNRS) et lauréat du programme « Exploration Japon », il a travaillé et enquêté sur ce thème dans l’archipel depuis 2018.