Retour sur l'Atelier organisé par le domaine d'études de master GéoArch.
WORKSHOP / Yakisugi, la technique du bois brûlé Berge de Sablons
Dans le cadre de l’enseignement EXPI du domaine d’études de master Geoarchitecture by design – Geoarch, les étudiants de master 1 ont expérimenté, pendant 3 jours à Sablons (Isère), la technique du Yakisugi littéralement cèdre grillé ou cèdre brûlé. Cette technique de protection du bois originaire du Japon s’obtient en brûlant profondément la surface d’une planche de bois. Le matériau ainsi obtenu est réputé plus résistant au feu, aux insectes et aux champignons. Cette technique est réutilisée par des architectes contemporains comme Terunobu Fujimori et a été proposée pour la construction du Guggenheim Helsinki.
Les productions des étudiants
Le travail s’organise autour de 2 chantiers simultanés :
- La production de bois brulé : préparation et répétition des dispositifs de calcination des planches par 3 (découpe, agencement, feu, finition).
- L’élaboration d’un petit objet architectural et sculptural : au-delà de ses aspects ou contraintes techniques, cet élément constructif s’inscrit plastiquement dans l’espace pour dialoguer avec le paysage, l’environnement, le rhône et les utilisateurs du lieux en proposant une définition de ses usages pour le site.
Enjeux pédagogiques et thématiques
- Penser par le faire : L’architecte comme le sculpteur dessine avec sa tête et pense avec ses mains. Si le site, les outils et les matériaux à disposition forme un cadre précis, le projet reste assez vague en termes de dessin et proportions. C’est dans la pratique de l’espace in situ et l’avancée des expérimentations physiques (feu, cintrages, emprise spatiale…) que se dessinera peu à peu la définition du projet.
- Travailler à partir des 4 éléments fondamentaux (5 pour les japonais) : Le feu, l’air, la terre, l’eau et le bois, qui sont nos matières d’ouvrage. Par l’effet Venturi (voir dynamique des fluides) l’air démultiplie l’action du feu dans la cheminée de bois. L’eau vient enfin interrompre et stabiliser cet effet. La terre reçoit et ancre le projet finalisé.
- Le corps comme récepteur/émetteur de l’espace : En s’inscrivant physiquement dans l’espace, en l’habitant, nous faisons l’expérience d’une intelligibilité tout autre qu’une simple appréhension intellectuelle d’observateur. Nuit et jour vivent les lieux. D’heure en heure ils se transforment, sont habités. Au-delà des actions conscientes que l’on peut y exercer, c’est aussi d’en être habité et traversé dont il faut faire l’expérience.
- Représenter artistiquement le monde : « Plein de mérite, c’est poétiquement pourtant que l’homme habite sur cette terre » (Hölderlin) – Agir sur le monde c’est le représenter, mais le représenter ce n’est pas le définir, c’est plutôt en donner une interprétation. L’art fonde notre nécessité de représenter le monde, non pour en fixer la réalité, mais pour en étendre indéfiniment le sens, nous protégeant ainsi de toute vérité (Nietzsche).
- Aller à la rencontre : Le site offre l’opportunité de véritablement rencontrer l’espace, le fleuve, le paysage et la nature environnante. L’occasion aussi de rencontrer les habitants de ce territoire pour en approfondir toute la richesse et la complexité. Au-delà des enjeux d’une expérience pédagogique, c’est au carrefour de toutes ces rencontres qu’il faut également nous inscrire.